LEMAISTRE DE SACY (Louis-Isaac, trad.) / BIDA (Alexandre, ill.)
LHistoire dEsther traduite de la Sainte Bible par Lemaistre de Sacy
Paris, Librairie Hachette, 1882
In-f° (43 x 61.5 cm), [2] ff. bl. - [2] ff. - 38 pp. - [12] pl. - [3] ff. bl., en feuilles sous chemise éditeur imprimée fermée par des rubans.
Édition originale de lillustration dAlexandre Bida. Un des 20 exemplaires sur Hollande, après 10 exemplaires sur Chine et 20 exemplaires sur Whatman.
Louvrage est illustré de bandeaux, vignettes et culs-de-lampe ainsi que de 12 eaux fortes sous serpentes légendées, le tout daprès Alexandre Bida. Ce volume est le dernier dune série de publications issue de la collaboration entre Hachette et Bida : aux monumentales Saintes Évangiles illustrées de 128 eaux-fortes (1873) sajoutent Le Livre de Ruth (1876), LHistoire de Joseph (1878) et LHistoire de Tobie (1880).
21e livre de la Bible hébraïque, le livre dEsther est compris dans la tradition chrétienne parmi les "livres historiques" de lAncien Testament. Esther, épouse du roi de Perse Assuérus, parvient à obtenir de lui quil mette fin aux intrigues du vizir Haman qui projette dexterminer la population juive.
Élève de latelier dEugène Delacroix, Alexandre Bida (1813-1895) affine son trait orientaliste au cours de plusieurs voyages qui le mènent en Turquie, en Syrie, au Liban, en Grèce, en Égypte... les dessins à caractère quasi-ethnographique quil en rapporte intriguent à Paris : il est notamment le premier européen à représenter des personnes juives en prière devant le mur des Lamentations (Le Mur de Salomon, 1857). Exposé aux Salons de Paris puis aux expositions universelles de 1855 et 1867, il y figure curieusement parmi les peintres, bien quil travaille exclusivement au crayon, au fusain et au lavis de gris. Théophile Gautier comment à ce sujet : "M. Bida ne fait pas de peinture ; il est vrai quil nen a pas besoin. Ces dessins sont colorés comme des Descamps et des Marilhat. Avec du noir et du blanc, il est parvenu à rendre la lumière, la chaleur ardente et léclat de ces belles contrées animées de soleil." (Les Beaux-Arts en Europe, 1855, p. 151)
Son choix du noir et blanc, rare parmi les orientalistes, rend son travail particulièrement propice à la reproduction par la gravure. Le fait néchappe pas à Hachette, et Bida passe contrat avec la maison dédition pour lillustration dune Bible. En 1861, il part pour la Palestine, accompagné de Georges Hachette et dun photographe, afin de réunir la documentation iconographique nécessaire au projet (le récit dune partie de son voyage, "Excursion au Mont-Sinaï", paraît en 1864 dans la revue Le Tour du Monde dont il est lun des illustrateurs).
Ce Grand oeuvre occupera vingt années de sa carrière, sachevant en 1882 avec la parution de LHistoire dEsther. La critique est unanimement positive : mêlant réalités contemporaines de lorient à une riche documentation archéologique, Bida contribue avec sa Bible au développement dune nouvelle iconographie sacrée. Jean de lHers, dans un article nécrologique de LArt méridional, estime ainsi : "Il fut, dans tous les cas, le premier à rendre aux personnages de lHistoire sainte les caractères de leur race, les moeurs de leur pays, leurs costumes traditionnels, en outre quil les replaça dans leur milieu, comme paysage et comme habitations. Il a ainsi restitué aux scènes de lancien et du nouveau Testament, la réalité orientale et leur a donné toute la vérité probable [...]" (15 janvier 1895, p. 11)
Quelques feuillets et serpentes effrangés.
Malembits Michèle. "Alexandre Bida : un Orient en noir et blanc." In Histoire de lart, N°51, 2002. pp. 101-113.