Lettre autographe signée 2 foisde l'initiale de son prénom «J». soldes 5 janvier 1963. 2pp. in-folio.
Curieuse lettre débutant par un «PSàma lettre du 24 », laissant supposer qu'il aurait oublié d'apporter desprécisions à sa précédente lettre, concernant le terme «ouvriers».
Pour lui, ce mot ne signifie rien. «Parlertoujours dans l'abstrait (c'est pluscommode) c'est parler pour ne rien dire. Ainsi quand on dit "lesouvriers" on ne dit rien. De quelle classe d'ouvriers s'agit-il? Unneveu de Camille, chez Renault est de la première classe; il n'a pas lestitres qu'il faut pour être ingénieur; Je vous assure que c'est un"monsieur", et qui ne manque de rien et qui ne se plaint pas de lavie. C'est aussi un "monsieur" qui vient réparer mon chauffage àmazout. La dernière classe d'ouvriers est nombreuse (italiens, arabes pour laplupart). Ils sont de la dernière classe parce qu'ils sont organiquement et àjamais des nullités. Il n'y a rien à faire. Les pauvres ont vaincu l'AbbéPierre. De même les "clochards"; il faut les laisser clochards.Une partie de l'humanité est à jamais désespérante; s'adresser aucréateur; ou la recréer par la biologie. De même les fous, on perd sontemps! Sur les "riches" que de choses à dire! ». Ainsi le président général dePechiney, «Maury, le frère de Lucien Maury», qu'il a bienconnu, n'était point riche. Le directeur de chez Grasset, «BernardPrivat, gagne 250 mille (A.F) par mois» et «Nourissierest riche aujourd'hui; oui». Il admet que l'on devient trèsriche en 30 ans, «à condition de rester mal habillé et mal logé. Ilfaut garder l'uniforme "ouvrier", et mettre les 200 millions dans untiroir. Ce sujet est infini; sur tout cela, on ne sait à peu prèsrien; mais on peut toujours écrire un livre de 400 pages. Le plus souventquand
vous voyez "un riche", la prisonn'est pas loin. Fabre Luce a presque perdu, au cours de savie, une immense fortune; Morand est sur le chemin. La"révolution" c'est tous les jours.».
Il a reçu et lu «le Vandromme.[Pol Vandromme (1927-2009), très probablement au sujet de l'ouvrage «JacquesChardonne cest beaucoup plus que Chardonne, 1962»]. C'est unbelge et puis il est jeune (entre 30 et 40). Il est dans la fougue del'âge; Il aboie d'abord. Il aboie dans le vide, ce sont les critiques quiattrapent tout. Ce n'est pas malin; quand on va leur adresser un livre.C'est jeune; besoin de mordre. Il se trompe d'ailleurs…». Il termineen précisant que les critiques ont toujours très bien parlé de ses livres.«Je ne suis pas du tout un inconnu..».